̋L’IDÉE DE NOTRE EXPLOITATION EST DE PROPOSER DES PRODUITS FRAIS ET DIVERSIFIÉS, EN CIRCUIT COURT ̋
On remarque assez rapidement en visitant l’exploitation les différentes variétés de fleurs qui s’y côtoient. « Nous nous sommes beaucoup diversiffiés ; l’objectif est de proposer à nos clients la gamme la plus étendue, tout en faisant jouer la saisonnalité des produits ». Plusieurs modes de cultures se partagent les six hectares. « Les serres chauffées nous permettent de produire l’hiver et nous avons un certain nombre de cultures en rotation, sous serre froide et en plein-air ».
Trois fois par semaine, dès deux heures du matin, Camille prend la route vers Bordeaux. Il apporte sa production du jour-même aux marchés aux fleurs. « L’idée de notre exploitation, par rapport aux grossistes qui se fournissent au Kenya ou en Argentine, c’est de proposer des produits diversifés mais surtout de proposer des produits frais ; c’est cette fraîcheur et ce circuit-court qui nous permettent de faire la différence sur la qualité de nos fleurs ».
̋LES SOLS QUE J’ABIME ICI EN UTILISANT DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES SONT LES CULTURES DE DEMAIN. ̋
L’exploitation a été certifie AB par Ecocert pendant deux ans. Mais il a rapidement eu des difficultés pour avoir accès à des semences bio assez variés pour se développer. « Du coup, on est parti sur la certification Plante Bleue, spécialisée en horticulture et plus adaptée à notre production ». Il s’agit d’un label décerné aux agriculteurs engagés dans une démarche agro-environnementale et une politique sociale innovante. « L’un des objectifs du label est de réduire au minimum l’utilisation de produits phytosanitaires ».
Sur les deux hectares consacrés aux pivoines, Oz avance dans la végétation dense. Camille a découvert la solution désherbage de Naïo Technologies lors de journées techniques organisées par le GIE d’expertise technique Fleurs et Plantes du Sud-Ouest au printemps 2015. Quelques mois plus tard, Oz faisait son arrivée sur l’exploitation. « Concernant la lutte contre les adventices sur mes cultures de pivoines, avant Oz, on était quasiment en 100% chimique ». L’objectif était de passer de trois applications d’herbicides en plein par année à une utilisation localisée sur le rang, si nécessaire.
Pour cette première campagne, il n’y a eu qu’un seul passage d’herbicide localisé. Passer de trois pulvérisations en plein à un seul passage localisé représente une économie de 94 % de pesticide utilisé. « Par contre, on a fait un rattrapage manuel qu’on ne faisait pas auparavant ». Deux demi-journées de travail à six personnes soit une cinquantaine d’heures de travail.
« PASSER DE TROIS PASSAGES EN PLEIN À UN PASSAGE LOCALISÉ REPRÉSENTE UNE ÉCONOMIE DE 94 % DE PESTICIDE UTILISÉ »
Malgré le surcoût en main d’œuvre, Camille estime pouvoir amortir le robot en cinq ans. « Au-delà de l’économique, je vois surtout que la personne ne va pas passer son temps à manipuler des produits phytosanitaires et s’empoisonner ; et c’est un avantage pour l’environnement : on n’a pas rejeté de produits phytosanitaires dans le milieu ». Surtout quand comme lui, on a sa maison en plein cœur de l’exploitation. « Les sols que j’abîme ici sont les cultures de demain ».
Apprendre à utiliser Oz est un processus qui peut prendre un peu de temps. « J’enregistre au fur et à mesure les conditions qu’il faut réunir pour qu’Oz travaille à fond« . Les premiers pas n’ont pas été évident. « Ce que j’ai quand même senti chez Naïo, c’est que nos problématiques sont les leurs : ils ont intérêt tout autant que nous à ce que l’outil fonctionne ; au début, ils nous ont davantage sollicité pour avoir des retours que nous ne sommes allés vers eux ; ils ont créé une vraie dynamique d’échange et de partenariat ».
Le sujet de conversation qui revient souvent concerne les fins de rang où l’outil vient faire son demi-tour. Car si ces derniers ne sont pas assez propres, l’outil ne parvient plus à retrouver l’entrée du rang à l’issue de son demi-tour. « En janvier 2016, je n’ai pas eu le temps de préparer les fins de rangs ». Résultat : les bouts de rangées étaient complétement enherbées et Oz sollicitait sans arrêt Camille. « Sur une journée noire, je devais y aller entre dix et quinze fois sur un cycle de batterie ».
Mais avant ça, à l’automne 2015, tout était nickel », enchaîne Camille, « pour la première campagne avec Oz, à l’été 2015, j’avais bien préparé les parcelles. Je le mettais en route à huit heures, il faisait ses quatre heures de boulot tout seul. A midi, il retournait à la charge. Puis le soir, Oz repartait bosser quatre heures et avant d’aller dormir, je le remettais à charger. Il était prêt à repartir le lendemain !.
̋LE GUIDAGE EST SÛR ET AVEC LE SYSTÈME DE PARE FEUILLE, LE ROBOT PEUT PASSER DANS LES PIVOINES EN VÉGÉTATION SANS LES ABÎMER. ̋
A terme, Camille projette d’ouvrir ses cinq hectares de réserve foncière au maraîchage. « On n’aura plus ce problème de préparation de fins de rang ». Contrairement à la pivoine, vivace, les cultures maraîchères nécessitent un travail régulier des parcelles. « On en profite pour travailler les bouts de rangs ; s’ils sont propres, Oz est un outil parfaitement autonome ».
D’autant que selon Camille, Oz est fiable. Cette année, il a abîmé environ cinquante tiges de pivoines sur les 200 000 que l’exploitation produits chaque année. « C’est minime : le guidage est sûr et avec le système de pare-feuille, il peut passer dans les pivoines en végétation sans les abîmer. Dans le pire des cas, si les conditions ne sont pas bonnes, Oz va s’arrêter automatiquement et m’avertir par SMS. Je vais être sollicité mais je sais qu’il n’y aura pas de casse ».
S’il y a un processus nécessaire d’apprentissage, les principes de fonctionnement d’Oz pris un par un sont assez simples. « Ce qui est important, c’est de bien se former et de bien connaître ces paramétrages : une fois qu’on les a en main, on ne peut pas vraiment se tromper ».
Fiable, rentable, écologique, simple et autonome, Oz serait- il pour autant la panacée ? « Oz est une des solutions à la problématique du désherbage manuel ; mais c’est un outil qui demande un investissement de la part de l’agriculteur. Il faut penser l’arrivée de l’outil et adapter sa production. C’est ce que l’on va faire en tant qu’horticulteur : adapter notre exploitation pour utiliser Oz au maximum. Et peut- être même en prendre un deuxième ! ».