Le printemps reste une saison capricieuse et cruciale pour le désherbage. Marquée par des variations météo importantes, le printemps 2018 n’a pas échappé à la règle, faisant alterner des épisodes de neige tardifs jusqu’en plaine, un faible ensoleillement, des moments de fortes précipitations ou encore des pics de chaleur (dans la partie nord de la France).
Dans le sud-ouest, nous avons vécu un printemps compliqué. Le point côté maraîchage et ceinture verte, avec Laurence Espagnacq, chargée de mission Maraîchage et Horticulture à la Chambre d’agriculture de Haute-Garonne (31)
Quels ont été les effets de ce printemps froid et humide pour les maraîchers de Haute-Garonne ?
Globalement, les producteurs ont dû faire face à des retards de l’ordre de trois semaines à un mois pour les cultures sous abri, à cause du froid et du manque d’ensoleillement. Si vous prenez l’exemple des aubergines, on les trouvait dès le 1er juin 2017 en vente sur les marchés. Cette année, les toutes premières n’ont fait leur apparition que le 21 juin. Pour ce qui est des légumes de plein champ, on a connu un allongement des cycles de culture. Résultat, les postes sont arrivés en même temps, provocant un engorgement ponctuel du marché et une baisse du prix de vente.
De plus, avec une photosynthèse ralentie par le manque d’ensoleillement, les plantes sont beaucoup plus sensibles aux bio-agresseurs fongiques type mildiou, botrychis ou alternaria.
Quelles répercussions sur l’organisation des exploitations?
Les maraîchers diversifiés ont une planification de leurs cultures. Or le froid a ralenti la pousse de certains légumes. Résultats : les nouvelles cultures ont dû attendre plus longtemps que prévu que des places en serre se libèrent. Du coup, les plantes se développent moins, connaissent un retard de végétation et ne peuvent pas exprimer tout leur potentiel.
Les mois de mai et juin ont également connu de fortes précipitations et plusieurs épisodes orageux
Par endroits, on a eu plusieurs dizaines de mm de pluie tombés dans un très bref laps de temps provoquant une érosion des sols puis un glissement des sols et des cultures jusque dans les fossés. On l’a notamment vécu dans les parcelles d’ail de la Lomagne. Il s’agit là de dégâts de fond qui sont longs à réparer.
De plus, à la fin du printemps, on a vécu des épisodes orageux, parfois accompagnés de grêle qui ont détruit les cultures par endroit.
Est-ce qu’il y a eu des conséquences sur les sols et le désherbage ?
Il est pour l’instant un peu tôt pour tirer un bilan côté sols. Mais il est vrai que pour arriver à gérer et maîtriser un bon désherbage des parcelles, les maraîchers ont été, par exemple, amenés à passer la herse-étrille à plusieurs reprises dans des parcelles qui ne présentaient pas les conditions optimales avec le risque -notamment pour les sols argileux- de tassements.
La Bretagne a elle aussi vécu un printemps et un début d’été inhabituels en termes de météo. Quels ont été les impacts du climat sur la production maraîchère ? Les réponses avec Jean-Philippe Calmet, Conseiller spécialisé maraîchage à la Chambre d‘agriculture du Morbihan (56).
Nous avons vécu un printemps très problématique qui a contrarié les plannings culturaux que ce soit pour la pomme de terre, les oignons ou encore l’échalote. En effet, le mois de mars a été très pluvieux, froid et peu ensoleillé. Résultat, nous avons connu des pertes de calibre et de rendements. Le début du mois d’avril a été plus chaud, avec des épisodes de sécheresse peu durables, alternant avec des précipitations. Ce qui était très inhabituel pour nous, c’est qu’elles sont tombées sous forme d’orages, c’est à dire beaucoup d’eau en très peu de temps. Dans le Morbihan, par exemple, il est parfois tombé 50 mm en une seule journée. Ainsi, on ne pouvait pas toujours rentrer dans les parcelles et on a pu rencontrer des soucis côté désherbage, notamment pour les poireaux et les choux qui ont été envahis par les daturas, les amarantes…
Après une baisse des températures pendant deux semaines, le thermomètre est reparti à la hausse avec toujours des épisodes pluvieux assez brefs. Cela nous a permis d’éviter les maladies, type mildiou. J’ai par exemple vu des cultures de pommes de terre bio sans aucun traitement ! En revanche, cela a favorisé la prolifération des ravageurs.
Enfin, nous avons un démarrage d’été très chaud, qui entraîne une baisse de rendement des alliacés et des coulures chez les fleurs des tomates ou des courges.