Depuis le début de l’automne 2019, Ted, notre enjambeur autonome de désherbage des vignes, s’est installé au Domaine Cazes, dans le Roussillon. Ce vignoble en agriculture biologique, conduit exclusivement en biodynamie et qui bénéficie de la certification Biodyvin est, depuis des années, le théâtre de recherches et d’innovations sur les questions environnementales. Un terrain d’expérimentation idéal pour notre robot viticole.
Le partenariat de Recherche & Développement entre Naïo et le groupe AdVini – dont le Domaine Cazes est un des fleurons – s’inscrit dans la politique de développement durable initiée il y a 10 ans par la Maison JeanJean, maison fondatrice d’AdVini. Une vision qui irrigue désormais la stratégie globale du groupe, aux commandes de plus de 2000 hectares de vignobles en propre, en France et à l’étranger. « Cela s’est traduit par le passage de 60% de nos vignobles en bio. Là où la conversion était plus délicate à réaliser, une démarche Haute Valeur Environnementale a été engagée. Notre ambition à court terme est de compter 100% de vignobles certifiés ou engagés dans la voie de l’action environnementale », détaille Carmen Etcheverry, chargée de développement durable chez AdVini.
Cazes, un domaine pionnier de l’innovation
La transformation voulue par le groupe implique de revoir certaines pratiques agronomiques et viticoles et d’en tester de nouvelles, pour répondre aux enjeux de fertilisation et d’irrigation, de gestion du couvert des sols mais aussi, évidemment, de sortir des herbicides et des CMR. À l’image du Domaine Cazes, mené en biodynamie depuis 23 ans à l’initiative de Bernard Cazes. Et si passer en bio signifie renoncer aux intrants de synthèse, il faut alors travailler davantage le sol, ce qui rime avec des passages de machines plus fréquents, générant un tassement des sols dans certains terroirs sensibles et des émissions accrues de gaz à effet de serre. « Afin de rester cohérents dans notre démarche environnementale, nous sommes donc en quête d’alternatives efficaces, adaptées à ces contraintes », explique Carmen Etcheverry.
En outre, la conjoncture est de plus en plus complexe quant aux recrutements, la filière vigne et vin peinant à attirer des tractoristes qualifiés et à résoudre la question de la pénibilité des tâches de désherbage. « Ce projet avec Ted répond à la plupart de ces enjeux sociaux et environnementaux. En allant vers la robotique, on peut recruter des collaborateurs avec une appétence pour des projets de recherche, d’expérimentation ou d’accompagnement. Et avec un enjambeur 100% électrique, on diminue nos GES, on tasse moins les sols et on sort complètement des herbicides dans les vignobles encore concernés ».
Une démarche itérative pour adapter Ted…
Le Domaine Cazes a donc mis Ted entre les mains de Thomas qui, après une formation dispensée par Naïo Technologies, l’a mis au travail sur la parcelle de test déjà cartographiée. Ces premiers essais ont aussi permis de détecter que le sol particulièrement pierreux de Cazes réclamait un ajustement des outils équipant le robot. Il a été décidé d’adapter de nouveaux doigts sur Ted, avec un écartement et une inclinaison qui lui permettront d’évacuer les cailloux rencontrés sur sa trajectoire. Une fois achevée la cartographie de 5 hectares supplémentaires (sur les presque 200 que compte le domaine), le robot de désherbage intercep sera fin prêt dès la sortie de l’hiver, pour entamer sereinement la saison dès la levée des premières herbes au printemps.
L’idée, sur les terres expérimentales de Cazes, est d’avancer dans une logique d’itération, explique Carmen Etcheverry. « En plus de nos propres observations, nous aimerions recueillir les retours d’expérience d’utilisateurs de Ted sur d’autres vignobles, comprendre ce qu’ils ont mis en place et capitaliser sur ces expérimentations pour définir le meilleur usage qu’on peut faire de Ted en fonction du cycle végétatif de la vigne et des différents terroirs et terrains sur lesquels il a pu être testé ».
… Et l’adopter ?
Ce partenariat permet ainsi à Naïo de tester son enjambeur viticole dans de nouvelles conditions, pour continuer à le faire évoluer en fonction de besoins particuliers. Un objectif partagé par AdVini, qui souligne « l’importance d’être dans une logique d’accompagnement et d’influence des innovations lorsqu’elles arrivent dans la filière, pour rester à la pointe mais aussi bénéficier d’équipements que nous nous serons appropriés dans nos différents vignobles, en les adaptant à leurs spécificités respectives ». Et, pourquoi pas, essaimer ces avancées technologiques et ces nouvelles pratiques là où elles pourront être utiles en contribuant au renouveau de la viticulture.
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