Le mois d’avril est le mois des plantations : les différentes cultures d’été sont placées. Mais avec des méthodes souvent bien différentes ! Alors, semis direct au champ, ou plants avec passage par la pépinière ?
Avantages des plants
Dans de nombreux cas, on préfère placer au champ un jeune plant qui aura préalablement été élevé en pépinière. Plusieurs avantages :
- Disposer d’un gain de précocité : on place des plants plus développés plus tôt en extérieur.
- Pouvoir sélectionner ses plants lors du repiquage et donc choisir les plants les plus beaux, les plus vigoureux.
- On limite le risque d’avoir des manques dans la culture : avec un semis direct, on risque d’avoir plusieurs graines qui ne germent pas ou qui meurent dans les premières phases du développement végétatif. On peut donc se retrouver avec des trous importants dans la parcelle. La réalisation du semis et de la germination en environnement contrôlé (serre, plaque de semis) permet de réduire les risques liés à cette étape dangereuse de la vie de la plante.
- Maîtriser les mauvaises herbes ! En mettant en terre un plant déjà développé, on lui donne de l’avance vis-à-vis de l’ensemble des adventices qui vont croître. Une plante semée directement au champ possède quant à elle son « top départ » sonné au même moment que toutes les mauvaises herbes… et la course est rarement à son avantage ! Il s’agit donc d’un atout indéniable en termes de lutte contre les mauvaises herbes !
Avantages des semis directs
Dans d’autres cas, semer ses graines directement en terre comporte également plusieurs avantages :
- Le principal est de réaliser de grandes économies (de temps ou d’argent) en sautant les étapes d’élevage en pépinière et de repiquage. On réalise également d’importantes économies sur les intrants utilisés (terreau, godets et plaques en plastique, éventuel chauffage de la serre, etc).
- Les plantes qui ont grandies directement au champ sont plus solides, elles seront dès le début habituées à leurs conditions environnementales. Elles ne subissent pas la phase délicate d’acclimatation propre aux plantes issues de pépinières. La phase de reprise qui suit directement une plantation est réellement critique pour la réussite de la culture.
Il existe plusieurs techniques de semis permettant d’augmenter les chances de réussite : sursemer ou semer en poquet. En plaçant plus de graines on s’assure d’avoir une densité correcte. Quitte à devoir réaliser une opération de démariage. Ces méthodes sont des fois utilisées sur des mottes où l’on a semé plusieurs graines.
Est-il possible de choisir entre semis et plantation pour toutes les cultures ?
Non malheureusement, le choix n’est pas aussi facile !
Pour certaines plantes, la question ne se pose pas : les carottes sont par exemple quasi tout le temps semées, car un repiquage risquerait de nuire au développement racinaire (et donc à de belles carottes !). Mais il se murmure que certains maraîchers réussiraient de belles carottes en repiquage en racines nues… affaire à suivre !
Les légumineuses (pois, haricot, fèves) et dans une certaine mesure les cucurbitacées (courges, voir courgettes et melons) peuvent également se planter directement au champ.
Pour de nombreuses autres cultures, on préfère passer par des plants, le plus souvent pour les raisons économiques ou techniques énoncées précédemment. Mais il existe des réelles différences de stratégies d’une exploitation à une autre.
Acheter ses plants ou les produire soi-même ?
L’achat de plants représente la charge économique principale du maraîcher. Produire ses propres plants sans passer par un pépiniériste permet de réaliser des économies importantes. Mais attention cependant : la production de plants est un métier à part entière ! Il faut pouvoir maîtriser le calendrier de semis (à mettre en lien avec l’ensemble du calendrier de production), disposer du matériel (souvent une serre dédiée, plaques, motteuse…) et maîtriser l’élevage de jeunes plants qui est très délicat. La difficulté est variable d’une espèce à l’autre, mais cela demande une réelle expérience, et peut s’avérer chronophage, surtout pour les plantes qui nécessitent des plantations cadencées (salades).
En conclusion, faire ses plants peut être économiquement très intéressant, mais attention à ne pas être trop ambitieux : un retard ou un échec en pépinière est trop dangereux pour la culture ! Il est donc préférable de se lancer progressivement dans la production de plants, en commençant par les espèces où l’on maîtrise la technique d’élevage des plants.
Quelles innovations ?
Si la mécanisation du semis existe depuis longtemps (que cela soit en grandes cultures, ou pour les petites exploitations maraîchères avec des semoirs manuels), la plantation peut également être mécanisée. Il existe sur le marché de nombreuses planteuses, plus ou moins adaptées au maraîchage. De plus, l’utilisation de disques ou de bandes de semis (innovations issues de l’horticulture) tend à se développer… à voir pour la suite !