L’évolution de la viticulture nécessite de plus en plus de technicité à acquérir rapidement. Face à cette tendance forte, l’esprit collaboratif se développe pour accélérer la diffusion et l’adoption de nouvelles pratiques. Exemple avec deux initiatives.
A Monbazillac – Un projet collectif pour tester un robot
La cave de Monbazillac, en Dordogne, croit aux synergies entre acteurs locaux pour sélectionner des innovations vraiment adaptées aux besoins. Pour Guillaume Barou, vice-président de la cave coopérative de Monbazillac, mener un projet collaboratif « c’est novateur, ça nous pousse à travailler différemment ». L’innovation est pour lui non seulement une nécessité face aux mutations du métier mais aussi un moyen de motiver les adhérents actuels et d’en attirer de nouveaux.
Le test du robot Ted de Naïo Technologies fait partie de cette approche. Le but est double : juger du potentiel de la robotisation comme alternative aux produits phytosanitaires, au-delà des fantasmes, et faire progresser l’outil pour s’assurer de son appropriation par les adhérents.
« Nous travaillons déjà beaucoup en Cuma. Mais la spécificité pour ce projet, c’est vraiment de valider l’outil, souligne Guillaume Barou. A la fin du projet, il y aura un dossier solide avec du recul ».
Tout en ayant un rôle fédérateur, le projet multiplie les échanges tournées vers l’action. Il associe Naïo Technologies, le concepteur de l’enjambeur autonome électrique, mais aussi la Chambre d’Agriculture. Pour élargir les fonctionnalités, la Somaref, une entreprise locale d’équipements agricoles, développe un outil électrique d’épamprage adapté au robot. Un prototype devrait pouvoir être testé au printemps prochain. Les élèves du lycée des Métiers Hélène Duc de Bergerac planchent sur la comptabilité d’outils existants sur le marché avec le robot, et sur de nouveaux outils à inventer.
Une vision évolutive et pragmatique
Certains freins ont déjà été cernés. Par exemple celui du déplacement du robot qui ne peut emprunter la route. La cave imagine un travail du robot par îlots rassemblant plusieurs vignerons, à l’image de ce qui existe déjà pour la confusion sexuelle, pour optimiser les déplacements.
Autre frein, le poids léger de l’engin s’avère limitant pour certains outils. Naïo a fait évoluer son modèle et la poursuite du projet avec une V2 du prototype plus lourde (de 1t à 1.5t) est en cours de discussion. Le projet fait partie du laboratoire d’innovation territoriale (LIT) développé par le vignoble de Bergerac dans le cadre du programme Vitirev de la Région Nouvelle-Aquitaine. L’avancement du projet s’adapte au contexte Covid. Guillaume Barou espère que le contexte économique n’entrainera pas une réduction de moyens.