L’association de cultures, une des expérimentations menées par la Station Expérimentale de Bretagne Sud.
Maët Le Lan est responsable de la Station Expérimentale de Bretagne Sud de la CRAB (Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne). Avec ses 4 ha, Maët et son équipe ont tout le loisir pour effectuer leurs expérimentations en maraîchage, dont la moitié des surfaces est en AB. Cinq grandes thématiques y sont actuellement travaillées, allant des matériaux biodégradables aux méthodes alternatives de protection des cultures en passant par la réduction de la pénibilité et la robotique (dont nous avions parlé il y a quelques temps). Aujourd’hui, Maët nous parle de l’association de cultures.
Quelles sont les différentes expérimentations que tu as mises en place?
Maët Le Lan : Une douzaine d’expérimentations se déroulent chaque année sur nos terres dont voici la liste exhaustive :
- En AB :
– Vers une réduction de la pénibilité et du temps de travail en maraîchage biologique,
– Vers une meilleure autonomie en intrants pour la fertilisation des cultures maraîchères en AB (fertilisation des légumes avec de la luzerne broyée),
– Stratégies d’amélioration de la conservation du potimarron en AB,
– Stratégies de protection contre les ravageurs des cultures maraîchères en agriculture biologique par association de plantes,
– Amélioration technico-économique de l’utilisation de Bois Raméaux Fragmentés en maraîchage biologique.
- Matériaux biodégradables :
– Comparaison de deux conduites d’une variété de tomate : l’une traditionnelle (sans matériaux biodégradables) et l’autre tout biodégradable (Paillage, ficelle et clips),
– Comparaison de paillages biodégradables pour cultures de patate douce,
– Accumulations de résidus de polymères dans les sols.
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Les petits fruits rouges hors sol sous abris :
– Stratégies d’évitement de Drosophila suzukii et conséquences économiques sur une culture de fraises hors sol,
– Réduction d’intrants en culture de framboises hors sol non remontante.
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Protection des cultures contre les organismes nuisibles : Recherche de méthodes alternatives de protection contre le Mildiou terrestre pour des cultures de Solanacées.
Tu as mis en place un essai sur l’association de cultures, peux tu nous expliquer le contexte de cette expé ?
MLL : Nous devons trouver des méthodes alternatives, innonvantes de protection des cultures. Il faut reflechir autrement, changer le système de culture, et pertuber ainsi les ravageurs sans trop perturber le producteur !
Voilà le principe de base : associer sur une même planche des plantes sensibles aux pucerons/acariens à des plantes moins sensibles. Nous espérons ainsi pertuber le ravageur, retarder son arrivée et prendre le relai avec des auxiliaires (sensibles à des lâchers trop précoces en raison des nuits trop fraîches).
Quel en est l’objectif à terme ? Apporter une solution différente aux maraîchers ?
MLL : Exactement ! Il est aujourd’hui difficile de trouver des techniques alternatives naturelles et efficaces. De plus, en admettant qu’elles existent, il est souvent rare que la culture ne soit attaquée que par un seul ravageur… Il faut alors combiner ces méthodes plus ou moins efficaces sur une trentaine de cultures ? C’est là que ça se complique…. En associant les cultures, nous espérons perturber le panel de ravageurs traditionnellement rencontré, tout en maintenant un niveau de production convenable.
Association de cultures, robotique… la station de Bretagne Sud est très innovante ! Est-ce une volonté de ta part ?
MLL : Gérer autant de cultures différentes sur de petites surfaces est un challenge de tous les jours pour les maraîchers. Toute technique pouvant simplifier leur travail et alléger leur quotidien doit être testée. C’est le rôle de notre station : prendre les risques à la place du producteur et être visionnaire pour repenser nos systèmes… Vaste programme !
Est-ce qu’association de cultures et robotique…peut s’associer justement ?
MLL : Evidement ! Cette année, nous voulions optimiser l’utilisation de Denise (NDLR : Oz en BZH !), réfléchir les itinéraires pour qu’elle travaille dans les meilleurs conditions. Des rangs écartés de 70 cm, ok. Mais comment améliorer le binage sur le rang et l’aider dans cette tâche ? Nous avons choisi d’intercaller des fenouils entre les betteraves et entre les celeris-rave. Les fenouils vont donc occuper le rang le temps que les betteraves et que les celeris ne se développent. Autre détail pratique : le fenouil est un bon tuteur pour le laser de Denise et dissimule au passage le rouge de la betterave qui peut parfois la perturber. Les récoltes des fenouils sont en cours et les résultats prometteurs !
Merci pour ton retour technique ! Un petit mot pour conclure ? Des projets innovants à venir ?
MLL : Remercier évidement Naïo Technologies pour le partenariat. Nous apprécions l’accompagnement, la réactivité de l’équipe, et l’écoute des retours de Breton(ne)s souvent têtu(e)s.
Pour ce qui est des projets à venir : un tunnel mobile sur des rails… poussé par le vent breton ! Une autre façon de réfléchir les rotations sous abri. Voilà notre nouveau projet : affaire à suivre !