Laetitia Caillaud est conseillère à la Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime. Elle est chargée d’accompagner les viticulteurs pour une réduction de l’usage des phytosanitaires dans le cadre du Réseau DEPHY Ecophyto. L’implantation de couverts végétaux qu’elle promeut répond à cet enjeu. Ils améliorent la vie du sol et sa structure. Ils limitent aussi la pousse des adventices et apportent des composants essentiels au développement de la vigne. Elle recommande d’implanter les couverts végétaux avant les vendanges et nous dit pourquoi.
Trois familles végétales complémentaires
Laetitia Caillaud conseille surtout de l’avoine en termes de graminées : « Elle lève bien et détient un bon système racinaire en surface, mieux que le blé, l’orge ou le triticale. »
Les légumineuses sont semées pour capter l’azote de l’air et enrichir le sol. Le meilleur résultat est obtenu grâce à la féverole. « Elle coûte moins cher que les semences certifiées, c’est une plante rustique et costaude qui lève bien et produit beaucoup de biomasse ». Le pois donne des résultats intéressants sinon, de même que la vesce et les trèfles. « Mais souvent le coût est plus élevé ».
Les crucifères sont préconisées dans une optique de structuration du sol. « Leur racine pivotante est intéressante et leurs caractéristiques améliorent l’assimilation des autres éléments par la vigne ».
Un mélange de graines pas toujours évident à semer
Des mélanges sont souvent réalisés. « Mais les grosses graines de féverole et les petites graines des crucifères se mélangent mal » admet Laetitia Caillaud. Pour y pallier, des tests ont été réalisés en mélangeant de l’huile végétale aux graines : « une pratique conseillée par des anciens ». « La levée est bonne, car les petites graines se collent aux grosses », et ce, même si les profondeurs optimales pour les graines ne sont pas respectées. « Elles sont toutes semées à 2 cm, alors que les petites mériteraient d’être en surface et les plus grosses à 5 cm ».
Le semis est généralement réalisé grâce à des semoirs recoupés dans la largeur pour une adaptation aux largeurs d’interrangs. Puis, elle conseille de rouler derrière le semis pour assurer le contact terre-graine. « Le meilleur conseil que je puisse donner, c’est de semer avant les vendanges ». Laetitia Caillaud assure que la levée est meilleure et que la biomasse produite permet vraiment un apport d’éléments nutritifs suffisant, et au bon moment. « Les viticulteurs ont souvent peur de blesser les grappes en semant avant la récolte, mais l’expérience a prouvé le contraire » !
La destruction des couverts : une affaire de broyage
La destruction des couverts passe presque essentiellement par du broyage dans la région. « Les couverts sont ensuite enfouis pour une incorporation dans le sol. » La date de destruction doit se faire avant le débourrement de la vigne pour éviter les situations gélives qui pourraient engendrer des dommages. « Généralement dans nos régions, on détruit entre mi-mars et mi-avril, c’est-à-dire 2 mois avant floraison, pour une libération optimale des éléments fertilisants au moment de la floraison ».
Diffuser les pratiques auprès des viticulteurs à travers l’échange
Pour que les échanges de pratiques se réalisent et que la connaissance se diffuse, la Chambre d’Agriculture a édité un livret sur le sujet (lien : https://deux-sevres.chambre-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/Nouvelle-Aquitaine/Les_engrais_verts_au_service_de_la_viticulture_-_2018.pdf ). Des échanges réguliers se font également sous son assistance entre les viticulteurs qui pratiquent et ceux qui souhaitent s’y mettre. (lien : https://www.youtube.com/watch?v=jpaM0FbuzH4&ab_channel=CA17TV )
« Dans la région, il y a 10 ans, il n’y avait pas de couverts végétaux. Aujourd’hui, on en voit très régulièrement dans un rang sur deux ». La Charente-Maritime semble conquise, mais pas seulement ! D’autres zones sont convaincues grâce aux échanges réguliers entre les conseillers DEPHY, organisés en réseau.