Cette année, la saison de Dino s’est véritablement lancée dans le sud avec notamment deux démonstrations coup sur coup dans le département du Rhône. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur le bassin légumier lyonnais grâce à Thierry Dansette, Conseiller agricole de la Chambre d’agriculture du Rhône, spécialisé en maraîchage.
Quelle est la dynamique maraîchère de votre secteur?
Il s’agit d’un maraîchage de ceinture verte, organisé autour de la ville de Lyon, avec une consommation locale, voire régionale avec très peu d’expédition hors d’Auvergne-Rhône-Alpes. Le département compte environ 300 exploitations de production légumière avec de forts contrastes. Contrastes de tailles d’abord avec une quinzaine d’exploitations entre 40 et 250 hectares spécialisés sur 4 à 5 espèces, et le reste avec une SAU inférieure à 5 hectares, et très diversifiées produisant entre 20 et 30 espèces différentes. Les modes de valorisation sont également différents avec des circuits de gros (grande distribution, distribution spécialisée, marchés de gros) et les circuits courts sous toutes leurs formes (marchés, magasins de producteurs, paniers…).
Le bio est en progression dans le département, via le maraîchage diversifié. De plus en plus, on voit s’installer des producteurs qui viennent de moins en moins du milieu agricole,
La salade est la première production du département avec 550 hectares. Le Rhône est le deuxième bassin de production -en volume- pour le créneau d’été. Il existe aujourd’hui de grosses interrogations des producteurs face à une consommation peu dynamique, voire en régression pour la salade en frais. Ils s’interrogent d’ailleurs sur le remplacement de cette culture.
Quelles sont les principales difficultés techniques rencontrées par les producteurs ?
Je dirais que la principale difficulté est d’ordre commercial. En effet, la relation au quotidien avec les acteurs de la distribution et du marché de gros est de plus en plus compliquée. Vient ensuite la question du recrutement de la main d’oeuvre aussi bien en quantité qu’en niveau de qualification, spécialement pour les exploitations spécialisées, d’autant que les producteurs se retrouvent en concurrence avec les exploitants agricoles d’autres pays européens ! Nous avons également de grosses interrogations sur l’avenir de la ressource en eau. Aujourd’hui, l’alimentation se fait soir par un réseau collectif alimenté par le Rhône, soit par des retenues collinaires, mais les capacités s’avèrent insuffisantes face aux sécheresses qui se profilent. Nous travaillons donc sur des actions à mener conjointement avec les autres filières du département. Enfin la question du foncier en secteur périurbain se pose avec une pression qui se fait toujours plus forte et à laquelle on a bien du mal à résister.
Quel peut-être l’apport de la robotique agricole aux producteurs maraîchers ?
Elle peut aider les exploitations les plus importantes dans un premier temps, celles qui ont des problèmes de main d’oeuvre ainsi que de pénibilité des tâches comme le désherbage ou la récolte. La robotique peut être une réponse. Et chez ceux qui travaillent déjà avec les nouvelles technologies, il y a une demande. Les producteurs qui utilisent le guidage RTK se sont aperçus que toute la chaîne de mise en place des cultures en bénéficiait : le travail du sol, la préparation des planches et au final, un gain de surface sur les parcelles ! Pour les plus petits, se pose la question des moyens et surtout celle des terrains qui sont souvent en pente sur notre territoire.